Comme 80 % des femmes enceintes, vous êtes sujette à des nausées ou vomissements (appelés NVG) depuis le début de votre grossesse ? Rassurez-vous, c’est tout à fait normal. « Tous deux sont considérés par 99,4 % de ces dernières comme le symptôme le plus invalidant parmi les maux de début de grossesse » prévient notre experte, Rachel Halimi. Ils débutent, en général, entre 4 et 6 semaines d’aménorrhée (SA) et peuvent persister vers 14-16 SA (fin du premier trimestre). Celles-ci continuent rarement après la 20ème SA. Mais que se passe-t-il si c’est le cas ?

Les nausées du 2e et 3e trimestre

Si les nausées persistent après le 1er trimestre, il n’y a aucun souci à se faire. En effet, les nausées et vomissements peuvent durer tout au long de la grossesse. « Jusqu’au 3ème trimestre, cela concerne 23,5 % des patientes » nous informe Rachel Halimi. Par ailleurs, les nausées peuvent disparaître à la fin du 1er trimestre puis réapparaître peu de temps avant l’accouchement (au 8ème ou 9ème mois de grossesse).

Tout comme les nausées du premier trimestre, les causes sont inconnues mais probablement multifactorielles. Comme nous l’explique notre sage-femme, sont suspectés :

– Une cause hormonale : du fait de la concentration élevée de l’HCG (Gonadotrophine Chorionique Humaine). Il s’agit de l’hormone la plus incriminée dans la physiopathologie des NVG. Les taux élevés d’oestrogènes jouent aussi un rôle.

– Des facteurs psycho-sociaux : le stress, la fatigue, les problèmes relationnels, les troubles du comportement alimentaire et tous les soucis que l’on peut rencontrer dans la vie quotidienne peuvent avoir cet impact sur la femme enceinte.

– Une cause mécanique : l’utérus peut comprimer l’estomac, de plus, il y a un relâchement du sphincter gastro-oesophagien dû à la progestérone.

– Une cause digestive : l’estomac est fragilisé car il est soumis à plus d’acidité et cela irrite les muqueuses intestinales. Il est aussi probable qu’une bactérie l’Helicobacter Pylori irrite la paroi de l’estomac et exacerbe les vomissements.

– Une carence en vitamine B6 (pyridoxine) : on ne sait pas si c’est le déficit qui induit les NVG ou si un taux important de vitamine B6 chez certaines patientes qui protègent des NVG.

Quand faut-il s’inquiéter des nausées ?

Il existe des vomissements incoercibles plus graves appelés Hyperémèsis Gravidarum (HG). Ils peuvent conduire à une hospitalisation brève à cause d’une perte de poids importante (plus de 5 %), de la déshydratation, des troubles électrolytiques (un manque de minéraux dans le corps, comme le sodium, le calcium ou le potassium), une cétonurie (dénutrition aiguë) et des carences vitaminiques. Ces vomissements sévères et incessants résistent aux traitements et surviennent tout au long de la journée, y compris la nuit, de façon incontrôlée. Les femmes subissants ces problèmes peuvent se présenter aux urgences obstéricales épuisées, déshydratées et angoissées. Elles rencontrent de réelles difficultés à s’alimenter. Cela représente 0,5 % à 2 % des femmes. Ajoutons un point plus positif, le taux de fausse couche spontanée serait moins élevé lors des vomissements incoercibles.

Quels sont les traitements contre les nausées ?

Les nausées ne surviennent pas de la même manière chez toutes les femmes. Il faut alors chercher le traitement qui sera le plus efficace à chacune. Voici quelques conseils donnés par notre experte, Rachel Halimi :

Voici quelques règles hygiéno-diététiques : 

Elles sont à appliquer le plus précocement possible avant toute prise en charge médicamenteuse. Associez-les aux autres traitements thérapeutiques prescrits, si elles ne sont pas efficaces.

– Hydratez-vous régulièrement et en petite quantité en dehors des repas.

– Évitez d’avoir l’estomac vide, en prenant des repas fréquemment en petite quantité (consommez 4 à 6 collations par jour toutes les 3 heures environ). Mangez dès que vous avez faim. Les NVG peuvent être accentuées si vous êtes à jeun.

– Si possible, prenez le petit-déjeuner au lit le matin 30 minutes avant de vous lever et préférez du pain complet ou des céréales complètes.

– Évitez d’avoir l’estomac trop plein. Qui dit mangez régulièrement, n’empêche pas de manger léger.

– Évitez les aliments indigestes ou trop gras. Évitez le thé, le café, et les boissons gazeuses ainsi que les aliments épicés, vinaigrés ou acides.

– Essayez de pas trop boire pendant les repas et immédiatement avant ou après. Buvez souvent des petites quantités de liquide au cours de la journée. En effet, le mélange solide/liquide stimule l’activité de l’estomac et amplifie la sensation de trop plein.

– Mangez des noisettes et des aliments riches en protéines et en glucides (pain complet, pâtes complètes…)

– Évitez de vous allonger sur le dos directement après le repas, faites plutôt une petite marche.

– Reposez-vous dès que possible, n’hésitez pas à faire des siestes. Dormez suffisamment car la fatigue augmente les nausées.

– Évitez les sources de stress et ménagez-vous. La composante psychique et la fatigue peuvent influer sur les NVG.

L’homéopathie 

Plusieurs remèdes homéopathiques, sous la forme de tubes de granules, peuvent soulager vos nausées.

–  VOMICA 9 CH : 5 granules à prendre 3 fois par jour, à renouveler dès la réapparition des nausées.

– SEPIA OFFICINALIS 9CH : 5 granules à prendre avant de se lever et 5 granules avant le petit déjeuner, pour aider à calmer les nausées matinales et à diminuer la fatigue

L’acupuncture et l’acupression

L’acupuncture consiste à stimuler des points précis du corps à l’aide d’aiguilles. L’acupression utilise le même principe en remplaçant les aiguilles par un massage par digitopression (massage avec les doigts).

Le point P6 (point Neiguan) est un point situé à trois doigts en amont du poignet. Le port d’un bracelet anti-nausées pourra donc peut-être vous aider. C’est une technique ancestrale non invasive, peu coûteuse, utilisable à la demande.

Les compléments alimentaires :

La vitamine B6 (ou pyridoxine) peut aider à calmer les nausées, le dosage recommandé est de 25 mg, 3 fois par jour. (Dose max. : 200 mg/jour).

La phytothérapie

Le gingembre est une racine utilisée depuis longtemps dans le traitement des nausées et des vomissements. On peut le trouver sous forme d’épice, de comprimés, d’infusion ou de boisson.

Maternov nausées est un complément alimentaire sous forme de gélules dont la posologie est de 1 gramme par jour (qui peut être envisagé comme une option non pharmacologique).

Vous pouvez également agrémenter vos plats avec du gingembre frais.

Traitement médicamenteux

A ce jour, il n’existe malheureusement pas en France de recommandation relative à la prise en charge médicamenteuse des nausées et vomissements spécifiques à l’état de grossesse. La prise en charge doit éviter autant que possible les traitements médicamenteux. Toutefois, lorsque les NVG affectent la qualité de vie et que les mesures non médicamenteuses sont inefficaces, il paraît nécessaire de mettre en place une thérapeutique adaptée.

« On préférera en première intention soit la doxylamine, seule (Donormyl) ou en association à la vitamine B6 (Cariban®), puis en deuxième intention le métoclopramide(Primpéran®, Prokinyl®) » recommande Rachel Halimi.

La doxylamine est un antihistaminique, ayant, en France, l’autorisation de mise sur le marché pour l’insomnie occasionnel de l’adulte. Aux Etats-Unis et au Canada, elle est commercialisée en association avec la pyridoxine (vitamine B6) sous les noms respectifs de diglesis® (ex-Bendectin®) et diclectin®. Dans ces deux pays, la doxylamine associée à la pyridoxine est le traitement de référence contre les nauées. Il est recommandé par la Société des Obstétriciens et Gynécologues du Canada (SGOC). Cette association doxylamine/pyridoxine est le traitement le plus étudié outre-Atlantique dont le profil d’efficacité, d’effets secondaires et de risques tératogènes est le plus sûr.

L’impact très important des nausées sur la future maman

Enceinte, les nausées et vomissements sont un réel handicap, que ce soit chez soi, au boulot, lorsqu’on est invitée chez des ami.e.s, pour faire les courses… Impossible d’être tranquille ! Surtout si elles perdurent tout le long de la grossesse. Bien qu’elles soient tout à fait normales, elles empêchent de vivre une grossesse tranquille et peuvent même, aboutir à une dépression. « Malgré le nombre de femmes concernées, les NVG sont encore trop souvent banalisés par le corps médical, puisque ces symptômes sont normaux et ne portent pas atteinte à la santé de la maman et du bébé » déplore notre sage-femme, précisant qu’en conséquence, ils sont très peu étudiés en France.

Cependant, si vous en souffrez, n’hésitez jamais à en parler autour de vous ou à un.e professionnel.le de santé.