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Avec au moins 20 % des jeunes mamans concernées par les hémorroïdes après l’accouchement, le phénomène n’est pas à prendre à la légère. Cause, traitement et astuces pour soigner les hémorroïdes après la grossesse, on fait le point avec Rachel Halimi, sage-femme.

Après l’accouchement, la magie de la naissance laisse place à divers maux dont certains particulièrement désagréables, comme les tranchées (la rétractation de l’utérus), les douleurs liées aux montées de lait ou encore la (ré)apparition des hémorroïdes. Un ensemble de troubles dont il ne faut jamais hésiter à parler avec les professionnels de santé.

Pourquoi peut-on souffrir d’hémorroïdes après l’accouchement ?

Hémorroïdes et maternité sont étroitement liés. Il est ainsi fréquent d’en souffrir pendant la grossesse, du fait des constipations répétées, de l’imprégnation hormonale et de la modification du retour veineux, bouleversé par le poids pris et le volume grandissant de l’utérus.

Pendant l’accouchement, la poussée favorise l’extériorisation d’une partie de nos hémorroïdes. Ils se retrouvent alors étranglés par le sphincter anal provoquant par la suite des douleurs, voire des saignements au moment des selles. Mais la poussée de délivrance n’est pas la seule source d’hémorroïdes externes. Ces dernières étant criblées de récepteurs hormonaux mis à rude épreuve durant la grossesse, leur tissu de soutien n’est plus capable d’assurer sa fonction.

« Les hémorroïdes peuvent se déclencher pendant la grossesse et/ou après. Les futures mamans qui en souffrent redoutent souvent l’accouchement » confirme Rachel Halimi, sage-femme.

 Rassurante, elle précise cependant que les douleurs ds contractions utérines lors de l’accouchement ne sont pas renforcées par la présence d’hémorroïdes, « ce n’est pas corrélé ». Quant à la crainte de voir les hémorroïdes ressurgir lors d’une seconde grossesse, lorsqu’on y a été sujette lors d’une grossesse précédente, elle peut être apaisée. « Il existe un risque de récidive lors des grossesses ultérieures. Mais on peut très bien avoir eu des hémorroïdes très douloureux pendant la première grossesse et absolument pas pendant la deuxième » confirme l’experte.

Comment soigner les hémorroïdes post accouchement ?

Pour guérir les hémorroïdes, différentes solutions peuvent être envisagées, selon leur intensité et la durée de leur présence. Ainsi, on retrouve :

  • les traitements par voie orale, comme les antalgiques et les vénotoniques (type Daflon) améliorent le flux veineux renforcent la paroi des veines. Pendant l’allaitement, les AINS (anti-inflammatoire non stéroïdien) comme l’Ibuproféne peuvent être utilisés avec prudence pendant une courte durée. Des antalgiques plus puissants, avec des dérivés morphiniques (opiacés), peuvent aussi être prescrits aux futures mamans qui n’allaitent pas.
  • les traitements locaux, sous forme de crèmes ou de suppositoire avec ou sans anesthésique local, avec ou sans corticoïde, calment l’inflammation locale et protègent la paroi du canal anal. S’ils ne sont pas curatifs, ils soulagent la douleur.

En parallèle, il est nécessaire de limiter les pressions sur la zone intime en portant des vêtements amples, et d’utiliser des produits lavants doux,

La nuit, il peut être appréciable de laisser le périnée à l’air libre, en mettant une alèse sur le matelas. Cela évite, là encore, toute pression sur la zone intime, assure un meilleur confort, et favorise la cicatrisation d’une éventuelle déchirure périnéale.

Certains praticiens recommandent également de porter des bas de contention. Si leur effet sur les hémorroïdes est discuté parmi le personnel soignant, cela ne peut toutefois qu’être bénéfique au corps, puisqu’aidant au retour veineux.

Parmi les recettes de grand-mère les plus courantes pour apaiser les hémorroïdes, on retrouve celle qui consiste à faire des bains d’eau et de Dakin après la selle. Une idée étonnante pour Rachel Halimi « cela me paraît étrange, car le Dakin est un antiseptique. En revanche, on peut recommander d’appliquer de la glace dans un gant pour refroidir et apaiser la zone, et notamment les oedèmes, souvent présents au niveau du périnée au côté des hémorroïdes, post accouchement. » Notre experte rappelle également qu’en cas d’échec des traitements proposés par la sage-femme ou le médecin généraliste, il ne faut pas hésiter à prendre rendez-vous avec un proctologue. Ce spécialiste pourra alors prescrire un traitement encore plus adapté, quitte à envisager une chirurgie si cela est nécessaire.

Combien de temps peut durer une crise hémorroïdaire après-accouchement ?

En reprenant progressivement sa forme, le vagin peut accentuer les douleurs intimes. Après 30 jours, tout est censé rentrer dans l’ordre. Mais constipation et hémorroïdes sont deux mots qui vont de pair et il est bien rare qu’une femme qui ait des hémorroïdes et ne soit pas constipée. « Après l’accouchement, il y a souvent une appréhension à retourner à la selle. Tout est perturbé au niveau du transit. Or, le traitement principal quand on souffre d’hémorroïdes, et de tout faire pour éviter la constipation » explique Rachel Halimi, avant de poursuivre : « On n’ose pas assez le dire, mais pour laisser le périnée au repos, et ne pas forcer après l’accouchement, il ne faut pas hésiter à prendre des laxatifs de manière continue, sans culpabilité. Car ce qui fait que les hémorroïdes ressortent, c’est certes la constipation, mais aussi le fait que les femmes poussent longtemps. » Un levier de soulagement qui s’adresse à toutes les jeunes mamans, y compris à celles qui allaitent, l’allaitement n’empêchant pas la prise de laxatif dans un temps limité, le temps que tout rentre dans l’ordre.

Quelles activités pratiquer en cas d’hémorroïdes après l’accouchement ? 

Une veine qui dilate, c’est une veine qui est ou a été comprimée par quelque chose, le cas échéant par le bébé. Or, si une femme reste trop longtemps debout ou assise, sans être dans une dynamique de marche, cela accentue la compression vers le périnée et les hémorroïdes. Il convient donc de ne surtout pas rester plusieurs heures dans l’une de ses situations.

« Les hémorroïdes, c’est un problème de retour veineux, et l’on sait qu’en post-partum, il y a un problème hormonal mais aussi un problème statique. Une femme qui vient d’accoucher, on ne peut pas lui recommander d’aller marcher 1 heure pour activer sa circulation sanguine. Marcher et nager, cela aide, mais ce n’est pas possible au sortir de l’accouchement, il faut attendre un peu » conseille la sage-femme.

La thrombose hémorroïdaire externe après l’accouchement

La circulation sanguine étant perturbée pendant la grossesse, elle rencontre des difficultés dans les coussinets hémorroïdaires, où un caillot de sang peut alors se former. C’est ce que l’on appelle la thrombose hémorroïdaire, une pathologie fréquente après l’accouchement, favorisée par la difficulté à évacuer les selles et, un accouchement tardif.

Dans une parution publiée sur son site, la Société Nationale Française de Proctologie explique également qu’un gros bébé (du fait de la pression importante exercée) et une phase de poussée trop longue pendant l’accouchement, sont des facteurs de thrombose hémorroïdaire externe. Elle relate également qu’une césarienne réduit à 4 % le risque d’en développer une, quand un accouchement par voies basses affiche un taux de 20 %. Un point que Rachel Halimi, tient à préciser et rappelant qu’une césarienne n’amène pas d’immunité aux problèmes proctologiques et sexuels. « Il est possible de développer des hémorroïdes malgré une césarienne. D’une part, parce que certaines femmes ont une césarienne en urgence, pendant le travail, ce qui signifie qu’elles ont eu le bébé appuyé, créant une pression, ce qui était également le cas tout au long des neuf mois. De plus, elles peuvent souffrir de constipation, ce qui peut tout à fait arriver après une césarienne. » Prudence donc, face aux césariennes de convenance, qui ne sont pas sans conséquence pour le corps.

Les hémorroïdes sont transitoires et se soignent, à condition d’en parler. Aussi est-il important de garder en tête qu’il n’y a aucune honte à en souffrir, et à en faire part à ses spécialistes, afin de trouver au plus vite des traitements adaptés.